Monory dompte l’art vivant

Tigre n°5

Sortis de leurs cages, les tigres envahissent les toiles de Jacques Monory. Ils plantent leurs griffes au cœur de cinq peintures exposées jusqu’au 14 juin, dans une grande salle consacrée à l’art vivant de la fondation Marguerite et Aimé Maeght à Saint Paul. Les fauves monopolisent l’attention, ils inquiètent autant qu’ils fascinent. C’est pour cela que Monory les aime. « Ils sont émouvants. Objet d’imaginaire, ils sont particulièrement beaux et féminins, mais pourtant considérés par les autres comme des Etres mauvais », note le peintre avant d’ajouter que « c’est avec un immense plaisir qu’il retrouve ses amis tigres ». Leur première rencontre date du début des années 1970 lorsqu’il réalise la série Tigers en monochrome de bleu. Un procédé qu’il a souvent utilisé. « Je plongeais des photos très réalistes dans du bleu pour indiquer que cela n’existait pas. Le bleu donne un sentiment de vide, d’évasion à des images d’accidents ou de meurtres ». Pourquoi des thèmes si sombres ? « Parce que la vie est un crime. Enfin, c’est l’idée que certains se font de la vie. D’autres trouvent que c’est le paradis et je leur dis Bravo ! Mais pour moi c’est l’enfer », lance-t-il avec le sourire. Mais cette fois, c’est différent. L’atmosphère reste mystérieuse mais le crime à disparu pour cette nouvelle série réalisée en 2008 qui se compose de quatre toiles panoramiques.

L’art et la manière

Pour Jacques Monory, considéré comme un représentant majeur de la figuration narrative, « une œuvre doit être contemplé d’une manière détachée. Pour la comprendre, il faut chercher ce qui se cache derrière le procédé plastique ». Et ce que le peintre apprécie c’est raconter une histoire. « Je ne suis pas captivé par les recherches de matières. Ce qui m’intéresse c’est ce que je dis. L’histoire sous-jacente de ce que je montre ». Le tout sans dévoiler l’intrigue. Il laisse son public écrire sa propre histoire : « Je suis un peintre symboliste. Une image doit être liée à autre chose qu’à l’image même qui est représentée. Elle devient symbolique. C’est comme si vous preniez un film et qu’avec une paire de ciseaux, vous coupiez une image parmi les milliers d’autres qui défilent Elle est figée. Cette image symbolique permet de recréer imaginairement le récit ». Ce procédé est commun dans ses œuvres : « Je remarque que c’est toujours pareil. Que je peigne des accidents de voitures, des meurtres ou des tigres, c’est une représentation symboliste de notre situation humaine dans le monde ». Il ouvre la porte, à vous d’entrer dans son univers…

Miss S.

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